Les motos Minsk, également connues sous le nom de M1A ou M1NSK, sont une ancienne marque de motos soviétiques. À l'origine, elles étaient fabriquées à Moscou, puis l'usine a été transférée à Minsk, capitale de la Biélorussie en 1951, et a donc été rebaptisée MINSK à partir de M1A. La MINSK a ensuite rapidement gagné en popularité en URSS, en Europe de l'Est, dans les pays du Pacte de Varsovie, en Chine, au Vietnam et en Asie occidentale. Se répandant avec l'extension du communisme et les influences géostratégiques et idéologiques de l'URSS, elles ont été livrées et vendues dans 45 pays et le nombre total a dépassé les 6,5 millions d’exemplaires.
Les premières MINSK sont arrivées au nord du Vietnam au début des années 1960, grâce au soutien de l'URSS et du Pacte de Varsovie pendant la guerre du Vietnam. Plus tard, elles ont été officiellement importées au Vietnam au cours des décennies suivantes, des années 1970 aux années 1980.
C'est pourquoi, à cette époque, l'image de la MINSK aux yeux et dans l'esprit des Vietnamiens du Nord représentait les amis soviétiques et communistes généreux, riches, créatifs et travailleurs. De plus, selon la propagande du gouvernement du Nord du Vietnam, avec le marteau et la faucille sur le drapeau communiste, la MINSK représentait la classe ouvrière, la fierté de la technologie et de la créativité communistes ainsi qu'un bon ami de cette classe.
Les vieilles dames abandonnées
Contrairement aux mobylettes et scooters automatiques japonais et Vespa italiennes, vues comme des ustensiles féminins et luxueux qui représentent le capitalisme et l'impérialisme !
Pendant des décennies, du début des années 1960 à la fin des années 1980, la MINSK était la moto la plus populaire au Vietnam, tout comme les scooters automatiques le sont aujourd'hui. C'était le bien le plus précieux et le rêve le plus cher de la plupart des familles vietnamiennes et elle est devenue le meilleur ami de tout Vietnamien, du paysan au médecin ou au politicien.
Les choses ont rapidement changé avec l'effondrement de l'URSS, la dissolution du Pacte de Varsovie et le déclin du communisme à la fin des années 1980. D'autre part, en 1994, les États-Unis ont levé l'embargo commercial sur le Vietnam et le pays a été autorisé à ouvrir ses portes au monde. Bien sûr, des dizaines d'autres marques de motos plus élégantes et plus confortables sont arrivées au Vietnam. Par conséquence, l'image de la MINSK héroïque s'est également estompée avec l'effondrement du communisme, laissant la place aux scooters Honda, Vespa, Yamaha et même aux scooters chinois bon marché.
Lorsqu'ils n'avaient pas le choix, les MINSK étaient les meilleures. Mais lorsqu'ils avaient plus de choix, les Vietnamiens se sont soudainement détournés des MINSK et sont tombés amoureux des beautés rutilantes comme les Honda, Vespa et Yamaha. Ainsi, les vieilles dames démodées et moins sexy comme les MINSK ont été abandonnées et trompées. Pauvres MINSK !
Au fond des granges
Peu à peu, les gens se sont détournés de la Minsk et on dit qu’il n’y a aucune raison de conduire des motos aussi lourdes, moches et sales en ville et qu’il n’y a pas de place pour cela dans les courettes des maisons. La plupart des Minsk ont été poussées vers les travaux de construction pour souffrir de la « vie d’esclave » et de l’exploitation au travail, transportant tout et n’importe quoi, des matériaux de construction comme le sable, les briques, le béton et le bois aux poulets, aux cochons et aux buffles. Tout ce que les gens voulaient, elles le transportaient comme des engins à tout faire !
Les autres Minsk ont été emmenées dans des régions éloignées, les montagnes accidentées du Haut-Tonkin, pour servir sur les pistes et chemins de terre où elles devaient travailler dur mais étaient mieux traitées que des esclaves sur des chantiers de construction !
Cependant, les gens dans les hauts plateaux éloignées de Hanoi considéraient la Minsk comme une bête de somme mécanique. Du statut de héros, de légende, la Minsk a soudainement dû supporter le statut d'ouvrier et d'esclave. En raison des difficultés, des conditions de surutilisation et du manque d'entretien, la plupart des Minsk ont été retrouvées à l’état d’épaves dans des casses, au fond des granges, des entrepôts de recyclage dans les villages. Aujourd'hui, il ne reste que peu de MINSK, on estime qu'il en reste environ 3000 au Vietnam et la plupart d'entre elles ont été endommagées suite à leur dur labeur !
Quelle histoire mouvementée que celle de la MINSK au Vietnam. Elle est arrivée avec la gloire, a grandi dans la pauvreté, est morte avec le souvenir et est restée comme une légende ...
Conclusion : Elle renait de ses cendres !
Bien que la plupart des gens se soient détournés de la MINSK, ceux qui sont nés dans les années 1970 et 1980 n'ont pas pu l’oublier et s’en souviennent comme d’une page rouge de leur vie. L'image d'une moto robuste - un cheval de trait - est à jamais gravée dans nos esprits et nous rappelle l'époque glorieuse du communisme au Vietnam sous l'économie subventionnée! Nous sommes heureux de savoir que les jeunes de Hanoi et du Vietnam aiment toujours la Minsk. Ils la conduisent avec amour, passion et respect ! Dans tout le pays, les clubs de fans de moto les plus grands et les plus fous sont les clubs Minsk. Récemment, on a assisté à une renaissance étonnante de cette moto mythique.
La Minsk blessée et abandonnée sera-t-elle vraiment restaurée, recyclée et sauvée afin qu’elle devienne une moto immortelle et légendaire au Vietnam ? L'avenir nous le dira !
Traduit et adapté de Hanoi Backstreet tours